Comment changer de mentalité, d’attitude, de comportement, lorsque l’on a été éduqué·e à la compétition, dans une société pour laquelle la phrase « L’homme est un loup pour l’homme » passe pour une évidence ? Les logiques sous-jacentes disparaissent-elles sous prétexte que l’on se trouve au sein d’un espace psychothérapeutique ?
Cette réflexion constitue le fil conducteur de l’essai Le psy est-il un cannibale comme les autres ? Achevé fin 2015 (inédit), ce travail est une exploration de la relation psy/patient à travers l’analyse de mes deux premières années de pratique (2012-2013), permettant aux lecteurs·rices de plonger dans l’intimité du cabinet, dans le quotidien du thérapeute.
Au terme du récit se trouvent les bases de la position clinique que je défends, une « psychologie sans cannibalisme » interrogeant les possibilités pour psy et patient·e de sortir des rapports de domination prégnants dans notre société, rapports qui se limitent à deux options : « bouffer l’autre » ou « se faire bouffer ». Cela m’a conduit à déployer le « paradoxe thérapeutique » – formulé par : « Comment aider quelqu’un à ne plus avoir besoin d’aide ? » – à partir des positionnements réciproques et mouvants que peuvent occuper psy et patient·e dans la relation d’altérité : de la toute-puissance au laisser-faire pour l’un·e, de la dépendance à l’autonomie pour l’autre.
Tout au long de ce livre se construit une conviction profonde : dans la relation entre psy et patient·e, l’ouverture réciproque est le ferment de la transformation.